Comme l’a déclaré la chancelière fédérale Angela Merkel en marge du CeBIT, ses exigences de voir cesser les comparaisons avec le nazisme du côté turc restent valables sans condition.
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Elle ne permettra pas que tombent tous les tabous « sans égard pour la souffrance de ceux qui ont été persécutés et assassinés sous le régime national-socialiste ».
La chancelière fédérale Angela Merkel maintient sa position concernant les comparaisons avec le nazisme faites par les responsables politiques turcs. « Mes propos selon lesquels les comparaisons avec le nazisme du côté turc doivent cesser demeurent valables. Et ce, sans condition », a martelé la chancelière en marge du CeBIT à Hanovre.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan avait personnellement reproché à Mme Merkel des « méthodes nazies ».
Angela Merkel a également rappelé la note verbale délivrée par le ministère fédéral des Affaires étrangères il y a quelques jours, dans laquelle le gouvernement fédéral avait annoncé sans équivoque que les rassemblements électoraux de personnalités politiques turques en Allemagne ne pouvaient avoir lieu que conformément aux principes de la Loi fondamentale. Faute de quoi, le gouvernement fédéral se réservait le droit d’examiner une autorisation pour les rassemblements électoraux.
Le gouvernement fédéral avait permis mardi (14 mars) à la Turquie d’installer des bureaux de vote en Allemagne pour le référendum. Il s’agissait là d’un « geste et d’un signal clair à l’adresse du gouvernement turc », selon le porte-parole du ministère fédéral des Affaires étrangères, Martin Schäfer. Les Turcs résidant en Allemagne peuvent ainsi se prononcer, du 27 mars au 9 avril, sur la création d’un système présidentiel en Turquie. Quelque 1,4 million d’électeurs turcs vivent en Allemagne.
Dans une interview donnée au quotidien allemand « Saarbrücker Zeitung », Angela Merkel avait évoqué dès vendredi (17 mars) les conditions de participation à des rassemblements électoraux de personnalités politiques turques. Le ministère fédéral des Affaires étrangères avait communiqué à la Turquie « de façon limpide » les mesures nécessaires pour participer à des rassemblements électoraux, selon la chancelière. « Les manifestations doivent être annoncées en temps utile ; l’identité des participants et l’objectif de leur participation doivent être communiqués en toute transparence, et nos lois ainsi que les principes de la Loi fondamentale doivent être respectés. » En outre, chaque évolution de la situation est quotidiennement scrutée. « Nous ne donnons à personne carte blanche pour l’avenir. »
Concernant le référendum prévu, Mme Merkel a déclaré au quotidien « Saarbrücker Zeitung » que l’évaluation des experts juridiques de la Commission de Venise du Conseil de l’Europe pesait lourd. La Commission a établi que le système présidentiel voulu par M. Erdogan constituait un pas vers un régime autocratique.
La Commission a en outre indiqué que le référendum se tenait dans les conditions de l’état d’urgence. « Le Conseil de l’Europe et les institutions européennes doivent examiner précisément l’avis et adopter une attitude commune en conséquence. »
La Commission de Venise du Conseil de l’Europe avait publié un rapport sur les projets d’amendements constitutionnels en Turquie. La Commission de Venise considère la création d’un système présidentiel comme problématique pour l’avenir de la Turquie.
Mme Merkel avait eu jeudi (16 mars) un entretien téléphonique avec le président français François Hollande, au cours duquel ce dernier avait insisté sur la solidarité de la France avec l’Allemagne et les autres pays membres de l’UE visés par de telles attaques.
Mme Merkel s’était exprimée dès lundi (13 mars) concernant le conflit entre les Pays-Bas et la Turquie. Les Pays-Bas « ont tout mon soutien et ma solidarité », avait-elle déclaré à Munich. Les comparaisons avec le nazisme sont erronées et minimisent les souffrances des victimes. M. Erdogan avait qualifié les membres du gouvernement néerlandais de « vestiges du nazisme ».