« L’Europe n’est forte que si elle est unie »

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La chancelière fédérale reçoit le prix européen Charles-Quint « L’Europe n’est forte que si elle est unie »

La chancelière fédérale Angela Merkel a reçu le prix européen Charles-Quint des mains du roi Felipe VI d’Espagne. Dans son discours de remerciement, elle a souligné la nécessité, pour l’Europe, de s’exprimer d’une seule voix. L’Europe doit être souveraine, innovante et capable d’agir afin de pouvoir affirmer ses valeurs et ses intérêts dans le monde.

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Le roi Felipe VI d’Espagne rend hommage à la chancelière fédérale Angela Merkel en lui remettant le prix européen Charles-Quint.

La chancelière Angela Merkel reçoit le prix en récompense de sa contribution à l’unité européenne : « l’Europe est une chance pour nous tous. »

Photo : Bundesregierung/Denzel

Le prix européen Charles-Quint a été remis à la chancelière fédérale Angela Merkel en récompense de son infatigable engagement en faveur du processus d’intégration européen. La cérémonie officielle s’est tenue au monastère royal de Yuste à quelque 230 kilomètres à l’ouest de Madrid en présence, notamment, du roi Felipe VI d’Espagne, du premier ministre Pedro Sánchez et du président du Conseil d’Estrémadure Guillermo Fernandez Vara.

La paix n’est pas une évidence

Au début de son discours de remerciement, Mme Merkel a évoqué la signature des traités de Rome, en 1957, par laquelle l’objectif d’une « Europe, communauté pour la paix » prenait pour la première fois concrètement forme. En effet, loin d’être une évidence, la paix et la liberté doivent être protégées et défendues, a rappelé la chancelière.

Il ne faut pas se leurrer : « aujourd’hui encore, notre démocratie et notre ordre libéral font l’objet de contestations et d’attaques récurrentes » – au travers de l’extrémisme et du terrorisme, du racisme et de l’antisémitisme. Selon la chancelière, nous devons les combattre avec la plus grande détermination.

« Unis à l’intérieur, forts à l’extérieur »

Pour Mme Merkel, le prix Nobel de la paix, décerné à l’Union européenne en 2012, est une obligation permanente à préserver la paix à l’intérieur des frontières de l’Europe et à s’engager pour la liberté et les droits de l’homme à l’extérieur, dans le monde entier.

Pour passer des paroles aux actes, il faut garder à l’esprit que « l’Europe n’est forte que si elle est unie, et qu’elle ne peut être unie que si elle se considère liée par des valeurs communes », a relevé la chancelière. Unis à l’intérieur, forts à l’extérieur – tel est le principe directeur de notre vivre-ensemble au sein de l’Union européenne », a-t-elle ajouté. Pour y parvenir, une cohésion étroite est essentielle, de même que la confiance et le respect.

Mme Merkel a souligné la difficulté, pour 27 États membres, de trouver des compromis. « C’est pourquoi nous devons, à tout moment, être prêts à entendre et examiner les arguments les plus divers – tout en sachant que la diversité des connaissances et des expériences est une richesse, une ressource précieuse, dont nous devons tirer parti pour le bien de tous. »

Pandémie de Covid-19 : de bons résultats atteints tous ensemble

Dans ce contexte, la chancelière a évoqué la pandémie de Covid-19. Dans un premier temps, les différents pays se sont repliés sur eux-mêmes, recherchant la sécurité dans l’isolement. Mais l’UE a appris à gérer ce nouveau défi. « Nous avons mis en place de nouveaux mécanismes de coordination et rétabli les libertés au sein de l’Europe, pour autant que la situation pandémique nous y autorisait », a précisé Mme Merkel. C’est ainsi que nous avons obtenu de bons résultats. Après la lutte contre la contagion, l’économie redémarre. En témoigne aussi « le plan de relance européen Next Generation EU dont l’envergure est inédite ».

Ne pas dissocier l’économie et l’écologie

La chancelière a aussi évoqué le « pacte vert » de la Commission européenne. Il prévoit une neutralité climatique qui, « loin d’être une entrave, permettra à l’Europe de rester compétitive et capable d’innover ». L’adoption du pacte vert est un travail difficile, mais nous devons aussi voir les opportunités que recèle ce processus de transformation. « Elles l’emportent, et de loin, sur les risques, non seulement parce qu’il s’accompagne de nouveau débouchés sur le marché, de nouvelles technologies et de nouvelles créations d’emplois, mais aussi parce que nous parlons trop souvent des coûts de la protection du climat et trop rarement de ceux découlant de l’inaction. »

Maintenir le dialogue et insister sur les valeurs communes

L’Europe doit être souveraine, innovante et capable d’agir afin de pouvoir affirmer ses valeurs et ses intérêts dans le monde, a souligné Mme Merkel. À cette fin, elle doit s’exprimer d’une seule voix. La migration est l’illustration de ce qui se produit lorsque l’Europe ne le fait pas, ou de façon insuffisante. « C’est pourquoi nous ne devons prendre aucun répit tant que nous n’aurons pas réalisé une avancée capitale », a-t-elle ajouté.

Depuis quelque temps, des forces centrifuges s’exercent sur l’Union européenne : les valeurs communes sont fragilisées, les institutions ne répondent pas aux attentes, la rapidité des évolutions sociétales est variable. « Lorsque des intérêts nationaux à court ou moyen terme l’emportent sur les bénéfices du projet européen commun et les bases légales, nous nous retrouvons dans une situation de déséquilibre », a déclaré la chancelière.

Pour elle, il n’existe qu’un moyen efficace de lutter contre ces forces centrifuges : maintenir un dialogue franc en insistant sur nos valeurs partagées. « Car ce sont nos valeurs qui nous unissent et qui nous distinguent d’autres puissances dans le monde. »

Toutefois, les crises peuvent également avoir un effet catalyseur. Quelles que soient les difficultés, elles sont aussi une occasion d’innover et d’évoluer. En effet : « l’Europe est une chance pour nous tous – une chance que nous pouvons, que nous devons préserver et façonner. » Agir en Européens exige bien souvent de l’endurance et une bonne dose de communication. « C’est important, et cela le restera », a déclaré Mme Merkel.

Remis par l’Académie européenne et ibéro-américaine de la Fondation Yuste, le prix européen Charles-Quint récompense un engagement hors norme en faveur de l’Europe. Il est décerné depuis 1995 par le roi d’Espagne.