Pour la chancelière fédérale, les intérêts des citoyens européens sont au cœur des négociations du Brexit. L’UE et l’Allemagne y sont bien préparées. Mme Merkel a en outre mis en garde la Turquie contre une rupture d’avec l’Europe.
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Défaire les traités conclus en 44 ans de présence du Royaume-Uni au sein de l’UE constitue un grand défi pour l’UE des 27. C’est ce qu’a affirmé la chancelière fédérale Angela Merkel dans sa déclaration gouvernementale sur le Brexit.
Du reste, il règne dans le cercle des 27 pays membres restants et des institutions européennes une grande unité de vues concernant une ligne de négociation commune vis-à-vis du Royaume-Uni. « C’est pourquoi nous pouvons partir du principe qu’il émanera du Conseil européen des 27 qui aura lieu après-demain un signal fort de cohésion », a souligné Mme Merkel.
Le 29 avril 2017, le Conseil européen discutera, dans un format à 27, des négociations sur la sortie du Royaume-Uni de l’UE. Le Conseil définira à cette occasion les orientations de négociation, sur la base desquelles la Commission européenne présentera un projet de mandat de négociation. Le processus qui s’est déroulé jusqu’à présent montre que les 27 membres sont bien préparés aux négociations avec le Royaume-Uni et agissent en concertation.
Pour le gouvernement fédéral, le sujet de l’avenir de l’Union européenne demeure le principal point des négociations. Cela recouvre selon la chancelière les trois priorités suivantes :
« Il s’agit de garantir les intérêts de nos concitoyens allemands. » Cela implique de clarifier les questions très concrètes qui se posent au quotidien pour les 100 000 Allemands vivant au Royaume-Uni. Le gouvernement fédéral s’engagera en faveur de la clarté et de la sécurité de planification dans toutes ces questions.
« Il s’agit d’éviter à l’ensemble de l’UE des dommages pouvant résulter d’un échec de la transition du Royaume-Uni vers son futur statut de pays tiers. » La sécurité juridique est une nécessité.
« Il s’agit de renforcer la cohésion de l’UE des 27. » 60 ans d’UE représentent une réussite unique. Celle-ci doit continuer à s’écrire avec les 27 États membres, a insisté Mme Merkel.
La chancelière a attribué au Parlement européen et aux parlements nationaux une grande importance dans le processus de négociation.
Le Royaume-Uni doit à présent clarifier ses attentes quant aux relations futures avec l’UE. Les engagements financiers pris par le Royaume-Uni envers l’UE doivent également être abordés à un stade précoce des négociations. Comme l’a assuré la chancelière, l’Allemagne et l’UE sont prêtes à mener des discussions constructives sur le Brexit, pour autant que le gouvernement britannique fasse de même.
La chancelière a eu des paroles claires envers la Turquie dans sa déclaration. « Il ne serait ni dans l’intérêt de l’Allemagne ni dans celui de l’Europe que la Turquie se détourne définitivement de l’Europe, ou inversement », selon Mme Merkel.
« C’est avec une grande inquiétude que nous avons pris connaissance du rapport de l’OSCE et de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe. Ces réserves pèsent lourd. » Tout dépend maintenant de la façon dont la Turquie va réagir à la critique de l’état de droit, a déclaré Angela Merkel.
La chancelière a aussi évoqué le cas du journaliste Deniz Yücel, détenu en Turquie : « Pour le dire sans équivoque, il n’est pas compatible avec un État de droit que l’exécutif, dans le cas présent l’exécutif turc, émette des condamnations prématurées, comme cela a ouvertement été le cas pour Deniz Yücel. » Mme Merkel a dans le même temps mis en garde la Turquie contre une rupture des relations avec l’Europe.